COPENHAGUE OU L'ECHEC DU LIBERALISME

Publié le par Franck NICOLON

Depuis la conférence "préparatoire" de Barcelone, nous savions qu'un accord juridiquement contraignant était gravement compromis à Copenhague. Les représentants des grands Etats commes les USA, l'Inde ou la Chine ne parvenaient pas à s'entendre sur un socle commun de propositions chiffrées et l'Europe politique, déjà, était absente.

Des résultats concrets pour reculer
Aucun cadre juridique contraignant, donc aucun traité international s'imposant à tous. Demain, chacun continue à faire ce qu'il veut dans son coin.
Les "grands" pays veulent continuer à discuter sans les "petits" : c'est le cadre de négociations organisées par l'ONU qui est remis en cause.
L'aide promise pour les pays pauvres dans les trois prochaines années sera prélevée sur l'aide actuelle au développement.

Pourquoi les Etats sont-ils venus au sommet de Copenhague ?
Les Etats dits développés ont ce point commun qu'ils fonctionnent à partir des règles du libéralisme économique : la croissance pour horizon, l'augmentation de la production pour y parvenir, le PIB pour mesure. Nous connaissons les conséquences écologiques et sociales de ce système, c'est précisément l'une des raisons de la tenue du sommet de Copenhague.

Avec l'échec irresponsable de ce sommet, nous pouvons maintenant l'affirmer, l'énergie des Etats américains et européens est bien tournée vers le maintien coûte que coûte de ce modèle de libéralisme. Leur volonté n'est pas de prendre les mesures pour réduire efficacement les gaz à effet de serre mais de poursuivre le plus longtemps possible le même modèle de développement pour ne pas remettre en cause  notre mode de vie. Tenir jusqu'au moment où, politiquement -et non scientifiquement- il n'y aura plus d'autre choix que d'y renoncer, telle est la ligne de conduite des pays développés. Le système économique libéral est beaucoup trop rigide pour faire d'autres choix que sa propre sauvegarde, même si l'avenir de l'humanité est en question.
Remarquons une chose en passant : y a-t-il des écologistes parmi les dirigeants de ce monde...?

"Les Etats nationaux, vous êtes le maillon faible : au revoir !"
Si l'on regarde au-delà des battages médiatiques et des postures individuelles "à celui qui sera le plus écolo dans le texte", que disent les décisions prises ?
L'Europe est incapable de parler d'une seule voix, elle n'existe donc pas politiquement, y compris sur un sujet majeur où elle pourrait prendre de l'avance sur les USA et devenir un interlocuteur crédible sur le plan international. Résultat : plutôt que s'engager sur les 30 % de réduction nécessaires, elle en reste à 20 %.
Les Etats-Unis fonctionnent toujours selon les bonnes vieilles règles du gouvernement Bush, quitte à faire échouer les négociations internationales si celles-ci dépassent leur capacité ou leur volonté à faire évoluer leur mode de vie.
La France poursuit sa politique de double langage : pendant que "le premier en tout" réaffirme devant les caméras qu'il est encore le meilleur, notre pays a été particulièrement discret durant les négociations réunissant les états européens. La France a d'ailleurs fait partie des pays qui ont refusé de chiffrer leur engagement pour l'aide aux pays pauvres. Le président de la république y est même allé de l'un de ses exercices favoris, affirmer une chose pour continuer à faire le contraire, en prétendant qu'un accord juridiquement contraignant avait été signé, ce qui est faux.
Sauver la face en assénant dans les médias que l'accord de Copenhague est positif semble être l'objectif premier des représentants des Etats développés.

On avance avec ou sans eux ?
Heureusement, certaines organisations n'attendent pas Copenhague pour agir : le réseau international des villes et des collectivités locales a décidé de mettre en commun les efforts de ses adhérents pour réduire de façon efficace les gaz à effet de serre. Dans un communiqué, les représentants de ce réseau (Ronan Dantec, notamment) affirment que 80 % des actions concrètes pour réduire les gaz à effet de serre seront réalisées par les collectivités locales. D'ores et déjà, le réseau prépare le prochain sommet de Mexico en 2010 et cite l'exemple de l'Ecosse, région autonome, leader mondial en matière d'innovation en réduction de gaz à effet de serre...En France, nous en sommes très loin : l'Etat et EDF viennent d'affecter 20 milliards d'euros à la rénovation du parc nucléaire, sans débat démocratique. Autre exemple, avec le projet de réforme des collectivités locales, le président de la république veut réduire les compétences des régions, en supprimant la clause de responsabilité générale, ce qui limitera d'autant plus la capacité d'innovation et d'expérimentation.
De fait, les élections régionales arrivent à point nommé pour choisir les orientations écologiques que nous voulons y donner. L'enseignement de la crise climatique et de la rigidité des Etats défendant le libéralisme sera précieux.



Publié dans International

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article